Cette nouvelle mention « vin biologique »

Faisons un peu d’histoire en ce milieu d’année. Alors que l’atmosphère générale se réchauffe peu à peu, cette année 2012 verra la naissance du vin biologique, La Commission Européenne a enfin établi des règles et un cahier des charges pour la vinification des vins issus de l’agriculture biologique.

Quels sont les principes de fonctionnement de cette nouvelle mention « vin biologique« . Dans un premier temps les raisins doivent bien entendu provenir de l’agriculture biologique, Dans un deuxième temps les vignerons devront effectués une déclaration du relevé des pratiques oenologiques de cave auprès de leurs organismes certificateurs. La finalité de ce processus est d’apposer la mention vin biologique sur l’étiquette et ainsi que le logo bio européen. Ceci étant, cette nouvelle mention permettra aux consommateurs d’avoir la garantie d’une offre plus claire, qui sera basée sur des règles de production plus strictes, comme c’est le cas pour tous les autres produits alimentaires issus de l’agriculture biologique.

Pourquoi la Commission Européenne vient de définir cette nouvelle réglementation, alors qu’elle bloquait sur le sujet depuis plusieurs mois ? A cela deux réponses, la première étant que l’Europe était franchement à la traîne concernant l’outil biologique déjà présent dans plusieurs nations qui refusaient tout simplement les importations de nos vins biologiques qui n’étaient alors qu’issus d’une agriculture biologique comme l’indique le site sur les vins du luberon vinsduluberon.fr. La deuxième raison est la réalité économique que prend le marché des vins bios qui croit d’année en année, à un point tel que ce marché décrit encore il y a peu de temps comme un marché de niche, n’en est plus un.

Mais après lecture de la nouvelle réglementation qui bannit totalement certains produits ou pratiques et qui légifère les doses de soufre, il est tout même important de relever que nous ne sommes pas encore à l’avènement de la prohibition totale des pratiques de traitements des vins et des moûts. Dans le fond c’est un bon début, mais cela reste tout de même dommageable de savoir que les consommateurs n’auront pas la garantie d’un vin élaboré à 100% avec du raisin, avec peut être une légère entorse sur l’acceptation de l’utilisation minimaliste de soufre. Etant donné que la très grande majorité des consommateurs ne sont pas encore gustativement prêt à apprécier un vin naturel. La mention vin biologique est une chose positive, mais il en est une autre qui à mon sens devrait être déjà établie depuis fort longtemps : l’application d’une contre étiquette listant les ingrédients constitutifs à la fabrication de notre breuvage préféré. La liste des ingrédients de fabrication revient à prendre la problématique à l’envers. Au lieu de réglementer la vinification des vins biologiques par une certaine souplesse des pratiques, il aurait été plus clair pour le consommateur de mettre les ingrédients de fabrication des vins. Mais cela serait extrêmement dérangeant pour la totalité des acteurs économiques du pôle oenologique, mais également du côté des vignerons.

Pour vous donner une idée du typhon de changement que cela pourrait provoquer dans le monde du vin, il est essentiel de se poser les bonnes questions. Je reviens à ma notion d’affichage des ingrédients. Dans le cas actuel, cette mesure ferait simplement comprendre que l’écart des possibilités de traitements entre un vin bio et un vin conventionnel n’est ( qu’après lecture de la réglementation bientôt en vigueur), finalement très infime. Donc fondamentalement et par pur pragmatisme, cette nouvelle réglementation demande encore beaucoup de travail. Car bien entendu n’oublions pas la puissance des lobbys oenologiques. Puis d’un autre côté, après avoir lu ces quelques lignes de réflexion, vous comprendrez bien que cette mention « vin biologique » a un petit air de bâclé, que l’on annonce comme une garantie, mais qui reste finalement trompeuse. Tromperie il en est état à l’heure actuelle dans la totalité du monde du vin. Imaginez le jour où chaque consommateur pourra prendre connaissance des différentes pratiques oenologiques, nous saurions dans un cataclysme économique totale, en partant du principe que bon nombre des ces « grands vins » perdraient indéniablement de leur éclat et de leur pouvoir spéculatif. Nous verrions alors l’émergence de la partie la plus noble du monde du vin : le travail du VIGNERON sans artifice et communiquant à 100% avec sa terre.

Commentaires

Il faut nuancer le propos. Les pratiques « de vigneron », je veux dire d’il y a un siècle, par exemple, comportaient fréquemment le collage, au blanc d’œufs, à l’albumine d’œuf, à la colle de poisson… bref aux albuminoïdes. Quant au soufre, s’il ne s’agissait pas encore systématiquement d’introduction de sulfites ou bisulfites, on en trouvait du fait que l’entretien bactériologique de la futaille, des barriques ou pièces ou muids, voire des cuves bois se faisait par méchage au soufre (produisant de l’anhydride sulfureux). D’ailleurs, compte tenu des mauvaises habitudes de certains consommateurs (bouteilles entamées, bibs entamés conservés trop longtemps…), le soufre sera encore nécessaire pour garantir une certaine durée des caractéristiquers organoleptiques du vin.

Le tartricage n’est pas non plus une technique relevant de technologies modernes, pas plus que l’utilisation de « plâtre » (sulfate de calcium) pour acidifier des moûts décevants.

Il est très difficile de bien cerner ce qu’est le vin à travers des réactions physico-chimiques dont la toute première, essentielle, est la fermentation alcoolique.

Il est certain que les organismes certificateurs auront toujours à travailler sur les trois aspects : production du raisin, vinification, conservation.